
Dr Mauhourat / FAQ : Quand envisager la prise en charge (enfant adolescent adulte)
En dehors des enfants qui présentent une anomalie congénitale isolée ou associée à un syndrome, je conseille aux parents de me consulter lorsque l’enfant approche de ses 6-8 ans pas plus tard parce que nous avons une mission de dépistage comme je l’ai expliqué dans le traitement de l’enfant et de l’adolescent.
En aucun cas un orthodontiste vous attestera que toutes les prises en charges orthodontiques et fonctionnelles chez l’enfant évitent un traitement orthodontique plus tard. Seule l’expression de sa croissance faciale et les caprices de la nature nous révélerons le diagnostic. Aucune prévision céphalométrique de croissance malgré nos analyses faites précocement chez l’enfant nous assurent du devenir de la dentition de votre enfant et de sa typologie faciale.
Je dirais même que « plus vous faites un diagnostic squelettique précoce chez l’enfant, plus vous avez d’incertitudes sur le schéma facial de l’adolescent et sur le développement de ses arcades ».
« Pour l’enfant et adolescent, la route de son sourire et de ses fonctions est longue. Aussi exige-t-elle plus de rigueur dans les objectifs à retenir et à obtenir ».
Ce que j’essaie toujours de faire comprendre aux parents qui nous confient leurs enfants, c’est que seul l’objectif d’équilibre squelettique, dentaire et fonctionnel donne l‘esthétique du sourire dans la meilleure harmonie faciale.
Seul cet équilibre permet de lutter contre le vieillissement de la dentition mais également contre le vieillissement prématuré des fonctions oro-faciales et contre le vieillissement prématuré de la face.
Poser un appareil sur les dents de lait de votre enfant ne vous assure pas que ses dents sortiront aligner, voire sortiront tout simplement car il existe de nombreux cas de dents incluses dans l’os, sans pour autant qu’il y ait soit un obstacle soit un manque de place.
Aligner une dent de travers ou 12 dents de travers demande à l’orthodontiste la même durée de traitement car ce sont les réactions cellulaires qui donnent le rythme des rendez-vous.
N’oublions pas qu’à chaque fin de traitement orthodontique, nous avons la mission de suivre le patient jusqu’au pronostic des dents de sagesse.
Nous avons également la responsabilité de poser une contention qui a pour objectif de stabiliser le résultat.
« Vous ne pouvez pas stabiliser, contenir des dents chez l’enfant et l’adolescent alors que sa croissance s’exprime encore ».
La différence essentielle est que le patient se définit adulte dès lors qu’il n’a plus de croissance . Nous avons donc de jeunes adultes de 13ans (surtout chez les filles) qui, a plus de deux ans du pic de croissance, se trouvent face à la même prise en charge qu’un adulte tel que la société se le représente, c’est-à-dire majeur ou ne serait-ce comme la sécurité sociale le considère, à savoir dès 16 ans.
Nous pouvons déplacer les dents tout au long de la vie, aligner les dents, corriger les rotations, les versions, fermer des espaces, ré-ouvrir des espaces dans l’objectif d’une réhabilitation prothétique, redresser des axes dentaires, niveler les arcades dentaires.
En l’absence de croissance, ce que nous ne pouvons plus faire seulement par l’orthodontie, sans extraire de dents en compensation ou sans chirurgie orthostatique associée, c’est corriger les décalages dentaires et squelettiques.
Nous posons donc souvent des indications chirurgicales dès lors que le compromis thérapeutique purement orthodontique altère l’esthétique du sourire, déséquilibre l’esthétique facial et surtout crée des dysfonctions ventilatoires (Syndrome de l’apnée du sommeil), des dysfonctions articulaires (syndrome des articulations temproro-mandibulaires), des dysfonctions masticatoires et posturales descendantes.
Il m’arrive de renoncer à faire ce que veut le patient lorsque ce qu’il me demande s’écarte trop des preuves médicales avérées. La difficulté est de trouver les limites du compromis thérapeutique chez l’adulte. L’approche pluridisciplinaire prend toute sa place pour aider nos adultes à trouver un beau sourire.
La recherche de l’amélioration de l’esthétique du sourire n’est pas le seul crédo de nos diagnostics et de nos propositions de traitements. Pour lutter à long terme contre le vieillissement PRÉMATURÉ du sourire, il est indispensable de ne pas s’éloigner de l’équilibre squelettique dentaire et fonctionnel.
Les orthodontistes humbles et sans conflits d’intérêts, expérimentés, vous répondront en trois phrases :
C’est une technique dite « invisible » qui m’amuse, néanmoins, elle a ses limites dans le contrôle de la rigueur des déplacements radiculaires tout comme elle sollicite l’implication du patient qui ne doit les enlever exclusivement que pour manger et se brosser les dents.
En effet, pour les mouvements dentaires complexes, on ne dit pas assez qu’elle nécessite le collage de taquets en résine sur les dents, qu’elle nécessite d’avoir recours à l’utilisation d’auxiliaires comme des boutons collés sur les surfaces dentaires.
Par ailleurs, on ne dit pas assez qu’elle touche l’intégrité tissulaire de l’émail puisque pour les cas où il y a un encombrement, c’est à dire un manque de place, le praticien est contraint de « stripper” c’est à dire de meuler l’émail pour libérer les contraintes de déplacement des dents avec les aligneurs. Les aligneurs seuls, sont de préférence, réserver pour les cas simples.
J’ai des cas cliniques traités exclusivement par aligneurs, d’autres mixtes lorsque les mouvements dentaires sont délicats à l’arcade mandibulaire car c’est là où nous avons les plus grosses dysharmonie-dento-maxillaires c’est à dire les plus gros encombrements. Je propose d’ailleurs souvent au maxillaires les aligneurs et des attaches multibagues en céramique à la mandibule. On va plus vite, on maîtrise beaucoup mieux les mouvements dentaires en respectant l’intégrité tissulaire, et c’est moins onéreux pour le patient.
La Haute Autorité de Santé a publié en 2022 une mise en garde des dangers encourus par la mauvaise utilisation de ces techniques par aligneurs.
Cette technique, bien que révolutionnaire, ne répond pas à la prise en charge de tous les diagnostics, lorsque l’on veut obtenir des objectifs dans le respect des preuves médicales avérées. Elle a donc des contre-indications.
Je conclurai par une petite citation d’un chirurgien Orthopédiste, relayée par le docteur Philippe PIRNAY, membre de l’Académie Nationale de Chirurgie Dentaire, président du Comité Nationale Odontologie d’éthique, Expert Judiciaire près la cours d’appel de Versailles, auteur de « l’éthique médicale en chirurgie dentaire » :
Nous devons donc composer avec l’évolution de la demande du patient, de plus en plus préoccupé sur l’amélioration de l’esthétique de son sourire tout en respectant les preuves médicales avérées.
« Pour avoir un sourire qui dure, il faut pouvoir garder ses dents et de ce fait, il est indispensable de ne pas s’écarter de la rigueur médicale qui est principalement de tendre autant que nous le pouvons vers l’équilibre squelettique dentaire et fonctionnel, seul garant de l’harmonie du visage, du sourire et des fonctions oro-faciales».